Nicolas Debeaumarché : « je veux absolument  remonter sur un vélo »

Nicolas Debeaumarché : « je veux absolument remonter sur un vélo »

Mathilde L'Azou

Publié le : 30/08/2024

Suite à une violente chute au Tour de Pologne début août, le coureur Cofidis a souffert de fractures vertébrales cervicales et thoraciques. Rapatrié en France et suivi en permanence par le staff médical de l’équipe, il a été opéré à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Après l’intervention chirurgicale et plusieurs jours en observation, le coureur a pu retrouver son domicile au milieu de semaine. Il revient sur ce mois particulièrement dur psychologiquement tout en réaffirmant sa volonté de retrouver un jour la compétition.


Nicolas Debeaumarché, comme tous les coureurs professionnels, est programmé pour briller, tout donner, résister à tout, repousser la douleur. Depuis sa chute au Tour de Pologne et ses sept vertèbres fracturées, le coureur mène une autre course, un autre combat pour retrouver la pleine possession de ses moyens. Il le dit avec une lucidité impressionnante : « 

c’est une étape cruciale dans ma vie
 ». 

L’espoir a vacillé, souvent, dans sa chambre d’hôpital de Pologne et face à la gravité de la situation. Lui s’accroche. Il y a eu la présence de Frédéric Matton et Frédéric Bourdon, respectivement médecin et assistant de l’équipe en Pologne. Il y a eu l’implication du chirurgien Cédric Yatim à l’hôpital universitaire de la Salpétrière. Il y a eu aussi le soutien constant de sa compagne, ses proches qui sont venus à Paris et ses si nombreux messages. « C'

est en voyant ma messagerie pleine que je me suis dit que c’était grave 
».

Nicolas était considéré comme un « 

dur à cuir 
». Il l’est plus que jamais. « 
Je n’avais pas d’autres options. Le seul chemin, c’est de s’accrocher 
». D’autant qu’il y a, au bout de ce tunnel et de ses semaines d’immobilisation, une envie si puissante : «
 je veux absolument remonter sur un vélo 
». Il ajoute : « 
je veux faire des courses, je veux être apte pour reprendre la compétition, retrouver mon meilleur niveau, réussir à être performant
 ». Nicolas voit dans l’enchaînement des événements un espoir : « 
au départ, on m’a dit qu’avec mes blessures, dans 50% des cas on en décède et dans 90% on devient paralysé. Aujourd’hui, tous mes membres sont fonctionnels, je n’ai pas de séquelle. C’est un signe et je vais me battre.
 »  

Mathilde L'Azou

AU JOUR LE JOUR 

Mercredi 14. La chute.

 « Dans une descente, alors que je faisais partie du groupe d’échappés, j’ai glissé de la roue avant. Je pensais pouvoir me rattraper mais j’ai fait un tout droit avant de tomber dans une sorte de fossé qui avait un muret en béton. Je n’ai pas de souvenir précis de l’impact mais j’ai seulement en tête la sensation que j’ai eu en tapant le sol. »

Samedi 17. Le rapatriement

. « Nous avons rapidement opté pour un rapatriement afin que je puisse être opéré en France. Il était donc important de rentrer en urgence. Grâce au médecin de l’équipe, Frédéric Matton, nous avons un accès à la Pitié Salpêtrière qui est reconnue pour ce type de chirurgie. »

Dimanche 18. L’opération.

 « À l’arrivée dans l’hôpital parisien, de nouveaux examens ont révélé des fractures supplémentaires au niveau des cervicales en plus de celles aux vertèbres. L’équipe médicale a pris la situation très au sérieux et dès le lendemain, j’étais opéré pendant cinq heures. L’intervention du chirurgien, Cédric Yatim, visait uniquement les vertèbres. Pour les cervicales, la situation devrait s’améliorer grâce à une immobilisation ainsi qu’à un corset et une minerve que je porte en permanence. »

Mercredi 21. La fin des soins intensifs.

 « Pendant une semaine, j’ai dû rester en salle de repos, notamment à cause de quelques complications aux poumons. Ensuite, il y a eu une phase de convalescence pour retrouver progressivement de l’autonomie. Il a fallu marcher à nouveau, monter des marches, manger seul, prendre une douche... Heureusement, les progrès ont été énormes de jour en jour. »

Lundi 25 et mardi 27.

 Le scanner de contrôle. « J’ai repassé des examens pour savoir s’il y avait besoin d’une éventuelle intervention chirurgicale en plus. Mais le scanner a révélé de très bonnes nouvelles. Le chirurgien a vraiment fait un travail exceptionnel. Dès lors, la seule raison pour laquelle je restais à l'hôpital, c’était ce manque d’autonomie qui obligeait la présence de l’équipe médicale. »

Jeudi 29. Le retour à la maison.

 « Je n’ai jamais été aussi content de rentrer chez moi. Ça a été un long chemin de croix, ça m’a paru une éternité… Tous les messages que j’ai reçus m’ont permis de garder le cap. C’est un gros soulagement, une étape majeure qui permet de gagner un peu en sérénité.

​​​​​​​La suite

. « Le but des prochaines semaines, c’est de conserver le dos bien immobilisé et essayer de marcher le plus possible pour le remuscler. En somme, il faut tout faire pour bien le consolider. Je passerai un nouveau scanner début octobre pour voir l’évolution que ça prend. Ensuite, on décidera avec l’équipe des options à prendre pour que je retrouve la pleine possession de mes moyens. »