Publié le : 01/08/2022
Tout au long de ce qui est devenue la plus prestigieuse course féminine au monde, l’équipe Cofidis, créée en début de saison, a fait honneur à ses couleurs. Elles sont quatre à rallier l’arrivée dont Victoire Berteau, autrice de la plus longue échappée jeudi et d’un sacré numéro ce dimanche.
Chaque journée est devenue un morceau d’histoire. Même si rien n’a été facile, même si les organismes ont été soumis à rude épreuve comme jamais, les coureuses sont et resteront des pionnières, de celles qui ont participé à la renaissance de la Grande Boucle version féminine et à une nouvelle étape, aussi, du développement de leur sport. Ainsi, les émotions mêlées à l’issue des étapes, le plaisir simple de prendre le départ, de faire partie de ce peloton qui a quitté la Tour Eiffel dimanche dernier pour le sommet de la Super Planches des Belles Filles cet après-midi, feront partie de ces moments qui marqueront leurs carrières.
L’abandon d’Alana Castrique, le coup dur
Pour la formation Cofidis, qui dispute sa première saison tout était à apprendre. En matière de répétition des efforts, de logistique, d’approche physique et mentale, un grand Tour n’a rien de commun et cette semaine l’a prouvé à sa manière. Après le grand départ ensoleillé dans la capitale, dimanche, l’équipe a dû faire face à un premier coup dur : la chute et l'abandon de Alana Castrique.
La coureuse belge, qui avait toutes les qualités pour briller sur certaines étapes, doit quitter le Tour précipitamment. Victime d’une fracture du sacrum, sa saison est terminée. Pour les cinq autres coureuses - Martina Alzini, Victoire Berteau, Valentine Fortin, Sandra Levenez et Rachel Neylan - il a fallu repartir, aller de l’avant, remettre son dossard et croire en des jours meilleurs. Appuyées par un staff dévoué, elles sont toutes restées mobilisées, jusqu’au bout.
Victoire Berteau, l’audace récompensée
Le plus bel exemple de cette volonté farouche de tout donner et de ne jamais rien lâcher est incarné par un sourire et une attitude : ceux de Victoire Berteau. À 21 ans, la meilleure Française du dernier Paris Roubaix, à l’aise sur la piste comme sur la route, est de ces coureuses qui ne lâchent rien. Il ne manquait plus qu’une étape pour le prouver au grand public. C’était la 5e, jeudi dernier, entre Bar-le-Duc et Saint-Dié-des-Vosges. Victoire s’est élancée, a attaqué et été à l’initiative de l’échappée du moment. Elle ne sera reprise qu’à 2,5 km de l’arrivée, soit 145 km, seule à l’avant, seule face à elle-même. La journée s’achèvera sur le podium protocolaire avec le Prix de la Combativité, le sentiment du travail bien fait et de l’effort récompensé.
Rien n’a été épargné ensuite au peloton alors que la route s’élevait jusque dans les Vosges. Pour les coureuses en rouge et blanc, la fatigue était prégnante et pour cause : Martina (abandon lors de la 6e étape), Victoire et Sandra étaient déjà de l’aventure au Giro d’Italia en début du mois. La difficulté à tenir le rythme, à puiser au fond de ses ressources au quotidien est l’illustration du niveau particulièrement élevé de l’élite du cyclisme féminin.
Pourtant, lors de l’ultime étape avec son final spectaculaire dans le col le plus connu des Vosges, Rachel Neylan tout d'abord et ensuite, Victoire Berteau, une nouvelle fois, se sont illustrées. Dans la 1ère difficulté de la journée, l'australienne a placé une première attaque avant que Victoire parte au sommet pour de longs kilomètres en contre-attaque avant de rejoindre l’échappée à 50 km de l’arrivée. La jeune Française a ensuite tout donné afin de soutenir sa leader Rachel jusqu'au pied de la Planche des Belles Filles. Un sacré numéro, nouvelle illustration de l’était d’esprit cher à Cofidis de ne jamais rien lâcher. Cette Grande Boucle sera ainsi riche en enseignements avant de se tourner sereinement vers la 2e partie de saison.
ILS ONT DIT
Gaël Le Bellec, directeur sportif :
"Je retiens de ce Tour de France une montée en puissance de toute l'équipe. On a démarré difficilement avec l'abandon d'Alana dimanche dernier et des étapes 2 et 3 un peu compliquées. Tout s'est débloqué avec l'échappée de Victoire et son titre de plus combative. Derrière on a vu des filles libérées, qui se sont rendues comptes qu'elles étaient en capacité de suivre les meilleures. On a vu des coureuses qui sont passées à l'attaque. Sur cette dernière étape, on a Rachel et Victoire qui sont à l'avant. Elles font une très belle étape où au pied de la dernière montée, elles sont avec le maillot jaune. Elles ont tout donné, il n'y a rien à regretter et je suis content de la tournure que ce Tour a pris à partir de la 4e étape."
Victoire Berteau :
"C’est un Tour réussi. Je venais avec trois objectifs : un top 20, le maillot blanc et un prix de la combativité. J'en ai rempli deux c'est déjà un beau bilan. Pour le maillot blanc, ce n'est pas passé loin mais on a eu un peu de malchance sur les Champs Élysées, mais je suis satisfaite de mon bilan avec une belle dernière étape pour aider Rachel au pied de la Planche des Belles Filles.
C'est parti assez doucement aujourd'hui jusque dans la première bosse où j'ai dû faire un effort toute seule pour rentrer sur l'échappée. Dans le Ballon d'Alsace, je n'ai pas pu suivre le groupe de tête mais j'ai réussi à m'accrocher dans le groupe Maillot Jaune. J'ai fait la descente à fond avec Rachel pour la maintenir au contact du groupe. Je suis partie en contre pour tenter d'aider encore un peu Rachel qui avait attaqué après la descente. Après ce Tour de France, on va se diriger désormais vers la piste pour les Championnats d'Europe."