Alain Deloeuil, les pavés dans la peau

Alain Deloeuil, les pavés dans la peau

Publié le : 12/04/2019

Directeur sportif de Cofidis depuis 1997 et résidant près de Valenciennes, c'est dire si Alain Deloeuil connait Paris-Roubaix par coeur. Il en connait chaque kilomètre, chaque pavé, chaque virage.


Il a tout connu sur ces pavés, de ses premiers souvenirs d'enfant à un rêve toujours fou : remporter comme directeur sportif Paris Roubaix. A 2j du mythe, Alain Deloeuil, notre fidèle directeur sportif a accepté de se replonger dans ses souvenirs d'une course vraiment pas comme les autres.

 

En quoi Paris-Roubaix est-elle une course différentes des autres ? Qu'est ce qui fait sa particularité ?

Paris-Roubaix est une course légendaire, un monument hors du temps. C'est un rendez-vous que beaucoup attendent et moi le premier. J'ai été élevé dans les pavés, j'ai découvert le vélo avec mon père sur Paris-Roubaix, il m'emmenait voir cette course qui m'a fasciné dès le début. J'ai même appris à faire du vélo sur les routes de la course. Et toutes les grandes légendes du cyclisme se sont écrites là. C'est une dramatique unique avec un scénario qui ne peut pas être écrit à l'avance. Tu prends le départ sur la place de Compiègne sans aucune idée de ce qui va se passer. Tu peux très vite passer de la gloire à la desillusion et ça, aucune autre course n'offre cela.

 

Quel est ton meilleur souvenir sur cette course avec l'équipe ?

Nous n'avons jamais remporté de victoire sur Paris Roubaix mais si je devais repenser à des très bons souvenirs, ce sont les top 10 obtenus notamment avec Franck Vandenbroucke en 1999 et Chris Peers en 2001 dans des conditions dantesques. Mais j'ai un rêve fou en tête, mon plus grand rêve cycliste, c'est d'arriver seul sur le vélodrome avec un coureur Cofidis et d'entendre le public clamer son nom. Ce rêve m'accompagne depuis mes débuts dans ce métier. 

 

Si tu pouvais donner ton nom à un secteur de Paris Roubaix, lequel serait-il ?

J'ai réussi durant deux années à convaincre les organisateurs de passer sur le secteur de ma ville, à Famars, celui de la Cavée. J'y fais encore tous mes footing, et donc symboliquement, je choisirais ce secteur. Mais sur le parcours de cette année, si je devais en choisir un, ce serait le secteur d'Haveluy, juste avant Arenberg. Il est moins connu et moins mis en avant malgré sa grande difficulté de par sa proximité avec la trouée d'Arenberg mais j'aime ce secteur car il faut déjà être très bien placé et rester concentré. Paris-Roubaix ne se gagnera pas ici mais en revanche peut se perdre sur ce secteur. Bernard Hinault qui lui a donné son nom a bien choisi.

 

Si tu fermes les yeux et que tu penses à cette course, que vois-tu , qu'entends-tu ?

Si je ferme les yeux, je replonge en 1992 lors de la victoire en solitaire de Gilbert Duclos Lassalle. J'étais sur le vélodrome et je peux vous dire que j'ai vécu un moment unique. Le public a chaviré dans le bonheur quand il est entré seul après de longues minutes de tension et de pression. Les cris étaient si forts que je les entends encore résonner dans ma tête. Je crois bien que c'est ce jour là que mon rêve fou est né.